Allez leur dire que moi je m'en fous ! ~ Vanessa Miller

"Bonjour madame Miller." Le médecin s'installe face à moi, je suis nerveuse et Alex aussi, il m'attrape la main. Il y a si longtemps que nous essayons, pourtant aucun bébé en vue et cela fait déjà presque deux ans. J'avais peur de passer par les médecins, mais voyant que rien ne fonctionnait, je n'ai pas eu d'autres choix. J'ai dû passer une batterie d'examen, tous aussi stressant les uns que les autres. Le verdict va enfin tomber, nous saurons enfin ce qui cloche, ce qui ne va pas et pourquoi ça ne fonctionne pas. Je serre d'avantage la main de mon fiancé, cherchant du réconfort sans vraiment le montrer. Mon regard reste accrocher sur ce médecin qui à mon sens prend un temps interminable à s'installer. Il ouvre mon dossier et lâche un soupire qui ne présage rien de bon. Ses yeux verts accrochent mon regard et je sais qu'à la teinte de ses prunelles que les nouvelles ne sont pas bonnes. Je déglutis, refoulant cette boule qui se forme dans ma gorge. " Nous avons trouvé ce qui ne fonctionne pas." Il laisse quelques secondes s'écouler, je ne comprends pas, il semble avoir du mal à l'annoncer. C'est si grave que cela? " Vous êtes dans l'incapacité d'avoir des enfants, madame Miller." La boule dans ma gorge se libère, laissant couler un flot de larmes sur mes joues. Alex me lâche la main et se lève de son siège. Je me sens soudainement seule et démunie.

Une rude journée, encore une ou j'ai préférer me laisser ensevelir par les dossiers plutôt que de faire face à la dure réalité qui me frappe en plein visage. Je soupire et ferme mon dernier dossier pour rentrer. Le long de la route je pense a tout, a mon couple qui bats de l'aile et notre avenir incertain. Depuis l'annonce de mon infertilité, Alex est devenu distant, froid et il ne me regarde même plus. Six mois que nous nous sommes plus touchés. Le taxi me dépose, je paie ma course et approche de ma porte d'entrée, mon cœur cogne contre ma poitrine, cette boule que je reconnais si bien me tords à nouveau l'estomac. Rentrer à la maison devient un véritable supplice, le stress me ronge de l'intérieur, une sensation que j'aimerais ne plus ressentir. J'ouvre la porte, lâche subitement mes clés. Le vide total. La demeure est vide, tous les meubles ont disparu, il ne reste plus rien. Je referme la porte, sous le choc, incapable de penser ni de réagir. Je traverse la maison jusqu'à ma chambre, mes vêtements sont encore là dans le dressing, mes produits sont encore installées a leur place dans la salle de bain, mais il a tout emporter, tout le reste. Il n'y a pas un mot, pas une explication, même si je sais la raison, je l'ai toujours su depuis que le médecin délivrer sa sentence.

Mon téléphone sonne, l'esprit encore embrumé, je l'attrape et décroche en voyant que c'est un appel de mon frère. " Hey frérot comment ça va ?" Mon sourire s'efface à sa réponse. C'est le bébé. Je porte une main à ma bouche lorsqu'il m'annonce l'effroyable nouvelle. Les larmes roulent sur mes joues, silencieusement. " C'est horrible, Julian, je suis tellement désolée." Je ne sais pas quoi dire, quoi faire, rien ne pourras apaiser sa peine. La pauvre mère, je n'imagine même sa douleur. " Je prends le premier avion, je viens au plus vite." C'est ma première réaction, c'est ma famille et si je peux au moins apporter ma présence en signe de soutien, je le ferais. Je suis parfaitement consciente que ça n'apaisera pas la douleur. Le temps, seul le temps apaisera et encore, je ne suis même pas certaine qu'ils s'en relèveront. " Tu es sûr ?" Julian refuse que je vienne, je comprends, ils ont besoin de temps, de se retrouver ensemble. Je n'ose pas poser la question fatidique. Les obsèques de l'enfant, il y en aura t-il? Je raccroche le cœur en miette. Je me lève de mon lit pour aller dans ma chambre d'amis. J'allume la lumière qui dévoile tous ses jouets, peluches, vêtements que j'avais achetés au fil des mois pour ce petit bout qui devait illuminer nos vies. Je me laisse glisser sur le sol pour pleurer toutes les larmes de mon corps. Je hurle et frappe le sol. Ma douleur est grande, mais j'imagine celle de mon frère et ma belle-sœur, même si je sais que je ne peux pas l'imaginer.

" Tu vas vraiment nous manquer." J'adresse un sourire à ma collègue tandis que je continue à emballer mes affaires dans mon carton. " Vous aussi, mais cette promotion, je ne peux pas la rater." Andréa se rapproche et examine ma boule à neige. " C'est dommage que tu dois quitter Boston, mais je sais que finalement, c'est ce qu'il te faut." Un an, ça fait presqu'un an que j'ai retrouvé ma maison vide, qu'Alex a disparut, que je n'ai pu eu aucune nouvelle. J'ai fini par le haïr, il ma lâchement abandonner, me laissant seule alors que j'avais besoin de lui. " Je vais pouvoir prendre un nouveau départ, je suis bien contente d'avoir vendu cette maison." Je ne la supportais plus. " On se donnera des nouvelles ?" Je secoue la tête en souriant puis je la prends dans mes bras. " Et perdre ma meilleure amie et ma plus grande rivale dans le monde du droit? Jamais." Elle lâche un rire amusé. Elle et moi on se connaît depuis le jardin d'enfant, nous n'avions jamais été séparées. Je dépose un baiser sur son front. " Allez, mon avion va m'attendre." Nous nous quittons le cœur lourd, mais c'est avec le sourire et un sentiment de satisfaction que j'arrive à l'aéroport. Un nouveau départ, une nouvelle vie. C'est exactement ce qu'il me fallait pour me remettre et accepter tout ce qui m'est tomber dessus depuis dix-huit mois.

" Tu te fous de ma gueule ?" Je lance le dossier sur le bureau de mon supérieur. " Qu'est-ce qu'il se passe ?" Je passe une main dans ma chevelure en le fusillant du regard. " Je te l'ai déjà dit, je ne défends pas ce genre d'enflure !" Il soupire l'air exaspérer. " On s'en fout, ce qui importe, c'est l'argent qu'il nous rapporte." Je lui avais pourtant dit que je ne défendais pas les criminels. Je suis une avocate avec une conscience, hors de question de laisser en liberté un mec qui a violé et tuer une pauvre adolescente. " Tu en dirais autant si c'était à ta fille qu'il aurait fait ça?" J'attrape le portrait de la prunelle de ses yeux pour le lui balancer. " Imagine ses parents, tu vivrais avec le fait que ce salop s'en sorte comme ça ?" Il observe quelque temps le portrait de sa fille et lève de nouveau les yeux sur moi. " Ce n'est pas mon problème." Je reste muette devant autant de froideur face a la mort de cette pauvre gamine, devant le fait que son cabinet s'évertue à faire sortir une raclure de ce genre. " Quand vous m'avez embauché, c'est la seule condition que je vous avais donnée, vous aviez accepté !" Je le pointe du doigt alors que mon corps entier ne veut qu'une seule chose, tout casser. " Écoute..." Il se lève, mais je ne lui laisse pas le temps de terminer. " Je démissionne !" Il reste là à me regarder sans pouvoir dire un mot. " Attend-on va trouver un arrangement, je peux t'augmenter, tu veux une voiture de fonction, je t'en fournis une..." Non mais il croit que je suis à vendre ? " Garde tout ça pour ton prochain employé, je me casse." Je tourne les talons et claque la porte derrière moi. J'ai attendu de connaître la fin de l'affaire pour repartir a Boston, être certaine que ce connard soit en prison comme prévu. Deux ans, je ne suis pas restée très longtemps dans cette ville de fou, mais c'est sans regret. Mon cabinet n'a pas perdu de temps a me récupérer, en même temps, je suis une avocate qui a fait ses preuves, j'ai perdu trois affaires dans mes débuts, mais depuis je gagne a tout les coups et j'espère que ça va continuer.

Je m'étire doucement dans ce lit douillé, lui, il dort paisiblement, comme à chaque fois. Je me lève et récupère mes affaires éparpillé un peu partout. C'est bien la première fois qu'on a réussi à atteindre le lit, ça me fait sourire. Je me rhabille rapidement, je vais être la bourre. " Tu pars déjà ?" Je tourne mon regard vers lui tandis que je remets mes bottines. " Ouais, j'ai un rendez-vous avec une cliente, une histoire de garde d'enfant." J'attrape ma veste et remets mes cheveux en ordre rapidement. " Je ne vais pas avoir le temps de prendre une douche." Je lâche une moue déçue, je n'aime pas arriver un rendez-vous après avoir passé la nuit avec un homme, c'est rarement le même, sauf depuis six mois, c'est souvent lui. On a trouvé une bonne entente, une façon de se faire plaisir sans les inconvénients d'un couple. Cette affaire de divorce était la meilleure affaire que j'ai pu avoir, que ce soit professionnellement parlant, ou encore personnel. J'ai grâce à cette femme infidèle trouvé un amant très agréable, douer et surtout qui ne cherche pas a aller plus loin. Des hommes qui ont chercher à m'enchaîner a leur cœur j'en ai eu un paquet et pourtant j'ai été bien claire, je suis toujours claire à ce sujet. Je ne comprends pas pourquoi ils s'obstinent. " Je dois filer à la prochaine." J'attrape mon sac et passe la porte. Il n'est pas question de baiser ou autre tendresse avant de partir, de la tendresse, on en a eu bien assez cette nuit.

Je souris bêtement derrière la porte, sonnant a plusieurs reprises en tapotant des pieds. La porte s'ouvre et le visage de mon frère apparaît. Je lui saute dans les bras. " Hey!!" Il me serre contre lui, mais je sais qu'il ne comprend pas grand-chose. Je lui donne la bouteille que j'ai à la main. " On a un truc à fêter frangin !" J'avance dans la maison pour me diriger vers la cuisine. Je pose mon sac à main et en sort un contrat. Je le tends à mon frère tandis que je vais chercher les verres. " Qu'est-ce que c'est?" Il me regarder l'air perplexe. " Le contrat d'achat de mon propre cabinet." J'attrape les verres et les pose sur la table. " Je vais avoir mon propre cabinet d'avocat." Je frappe des mains et sautille comme un enfant. Je suis ravie, mon projet, c'est enfin réaliser, être ma propre patronne, avoir cette entreprise dans mes mains. " J'ai embauché deux de mes anciens collègues pour bosser pour moi, ce n'est pas un très grand cabinet pour le moment. " Je hausse les épaules. " C'est un début." Évidemment, j'ai embauché Andrea en première, j'ai une totale confiance en elle, depuis toujours et elle est une excellente avocate, avec qui je partage les même principes. Le dernier est un nouveau qui vient d'obtenir son diplôme, il ne trouvait aucune place du a son inexpérience, mais il faut bien leur laisser leur chance. J'attrape mon verre et trinque avec mon frère. " A mon nouveau départ professionnel." Les verres s'entrechoquent tandis que je souris. J'en suis loin de la pauvre fille qui s'était fait larguer comme une merde par son fiancé parce qu'elle était incapable de lui offrir des enfants.