Alexy ~ Once upon a dream

L’odeur des madeleines emplit la cuisine. La jolie blonde eut un petit sourire en voyant l’aspect qu’elles avaient. Parfaites. Elles étaient parfaites. Dorées, moelleuses et légère comme l’air. Oui parfaites. Voilà pourquoi elle aimait la pâtisserie Alexy. Parce que l’espace d’un instant, elle oubliait tout, tout ce qui avait fait de sa vie un cauchemar éveillé et elle avait l’impression d’être bonne à quelque chose. Comme souvent ses pensées revinrent vers le passé…

Alexy avait eu une enfance des plus normales et des plus heureuses. Des parents aimants, un grand frère protecteur. Alessia Stone née Antonelli était tombée amoureuse de Pierre Stone un Franco-anglais lors d’un voyage à Londres. Pierre était là pour aider un ami à déménager. Une collision, des livres tombés par terre et un coup de foudre. Trois mois plus tard, Alessia quittait son Italie natale pour retrouver Pierre à Londres. Ils y vécurent quelques années le temps que Pierre finisse son internat puis ils déménagèrent pour les Etats-Unis, Boston pour être plus précis, où Pierre devait faire sa résidence en chirurgie cardiaque. Sebastian naquit trois ans après leur installation suivie de Alexiane deux ans après. La famille Stone était une famille unie. Sebastian et Alexiane – dite Alexy – s’entendaient comme larrons en foire. La famille Stone était une famille mélomane, d’ailleurs chacun jouait au moins d’un instrument. Les enfants avaient jeté leur dévolu d’abord sur le piano puis enchainèrent sur la guitare. A la maison, le français et l’italien étaient aussi utilisés que l’anglais. Les vacances étaient consacrées à des voyages afin de découvrir le monde et les enfants finissaient généralement soit en France chez les parents de Pierre soit en Italie chez ceux d’Alessia. Une véritable enfance dorée dont Alexy en gardait des souvenirs tendrement chéris et une reconnaissance sans borne envers ses parents.

Sebastian finit par les quitter pour entamer ses études de médecine comme son père l’avait fait avant lui. Ce fut un coup dur pour Alexy qui avait pris l’habitude de tout raconter à son frère et de compter sur lui à tout moment. Mais elle était fière qu’il ait choisi sa voie. Ce fut peu de temps après qu’elle rencontra Derek. Il était gentil, attentionné, charmeur. Elle en tomba vite amoureuse. Derek faisait bonne impression et cela ne loupa pas sur Pierre et Alessia. Ils tombèrent eux aussi sous le charme. Malgré l’absence de son frère, Alexy était heureuse. La seule ombre au tableau était que Sebastian ne semblait pas vraiment apprécier son petit ami. Elle pouvait lire de la méfiance à son égard mais aveuglée par l’amour, Alex mit cela sur le compte du côté parfois un peu trop surprotecteur de son grand frère. Mais elle avait un homme qui l’aimait et s’apprêtait à entrer dans une école de pâtisserie réputée. Pourtant elle n’allait pas y entrer car Derek fit sa demande à ce moment-là. On lui avait fait une proposition de poste à New-York qu’il ne pouvait pas refuser et disait qu’il ne pouvait pas y aller sans elle. Alexy repoussa donc son inscription le temps de leur installation et des préparatifs du mariage. Deux ans jour pour jour après leur première rencontre, la blonde s’unit à Derek Walker.
Tout allait très bien au début, Derek gagnait bien sa vie, elle avait son installation à finir, des connaissances à aller voir. Puis quand vint le moment des inscriptions pour l’école de pâtisserie, Derek lui demanda de repousser encore d’un an. Il avait besoin d’elle pour l’aider à gravir les échelons. Elle se devait d’être présente pour lui et de l’aider à élargir ses relations. Être la parfaite épouse d’un cadre dans une société de fusion acquisition. Parce qu’elle l’aimait, elle accepta de repousser d’un an encore. Elle se glissa dans la peau de la parfaite petite femme d’intérieure et cela lui convenait. Sa vie tournait autour de son mari qui petit à petit en prenait le contrôle. Cela s’était fait de manière si insidieuse qu’aujourd’hui encore, Alexy serait incapable de dire quand cela avait commencé. Il avait commencé par lui demander gentiment de modifier ses tenues, puis à lui dire qu’elle devait faire telle ou telle chose. Aller au club pour faire la connaissance de telle ou telle personne qui était la femme d’un de ses clients. Tant et si bien que lorsque les inscriptions suivantes commencèrent, elle n’eut même plus l’idée de lui demander si elle pouvait s’inscrire. Et pourtant, elle disait sincèrement qu’elle était heureuse Alexy. Elle pouvait le dire à ses parents qui s’inquiétaient de la voir aussi oisive, elle le disait à Sebastian qui ne comprenait pas qu’elle abandonne ses rêves. D’ailleurs, lors des visites qu’ils faisaient dans sa famille, les Stone pouvaient voir à quel point Derek prenait soin de leur fille.
Alors quand un soir, en rentrant, Derek vit que le diner n’était toujours pas prêt et qu’il la gifla, Alexy lui trouva une excuse. Il avait passé la journée en réunion et était exténué. D’ailleurs, le lendemain il rentra avec une gerbe de roses rouges pour se faire pardonner et l’emmena passer un week-end dans le Vermont. Puis la gifle se renouvela. Une fois. Deux fois. Elle trouvait toujours des excuses au comportement de son mari. Même quand il se mettait à lui crier dessus parce qu’il trouvait qu’elle ne faisait pas les choses correctement ou quand il lui reprochait de ne rien faire de sa vie, elle ne lui rétorqua pas que c’était lui qui lui avait demandé de ne pas poursuivre ses rêves. Les coups devinrent réguliers mais il ne la frappait qu’aux endroits qu’on ne pouvait pas voir car vous comprenez bien que les apparences étaient importantes. Et quand elle avait l’audace des marques au visage alors il la confinait dans leur appartement luxueux.
Au bout de sept ans de mariage, l’enfer était devenu quotidien pour Alexy. Elle savait que son mari allait voir ailleurs, elle pouvait encore sentir le sexe suinter par tous les pores de son corps quand il revenait à l’aube de ses diners d’affaires. Elle avait pris l’habitude des coups, des humiliations perpétuelles, des rabaissements si on pouvait vraiment prendre cette habitude. Elle était devenue l’ombre de ce qu’elle était. Comme anesthésiée par la vie. Elle espaçait ses visites prétextant une maladie ou un voyage surprise de la part de son mari pour éviter les réunions de famille. Derek était un excellent comédien car jamais Pierre et Alessia ne soupçonnèrent quoique ce soit. Aujourd’hui encore, c’était leur plus grand remord. Ne pas avoir su protéger leur fille de cet homme.
Une crampe à l’estomac dans une épicerie. Puis une deuxième quelques minutes après. Puis la douleur devint telle qu’elle dû être transportée à l’hôpital. Accouchement d’urgence. Elle ne savait même pas qu’elle attendait un enfant quand on lui mit sa fille dans les bras. Instant figé, bonheur total. Un amour sauvage, primitif l’envahit alors envers ce petit être. Cela dura exactement une minute car aussitôt le désespoir l’envahit. Alex comprit. Compris en croisant le regard de ce petit être innocent qu’elle n’avait pas le droit de la garder. De lui faire vivre ce qu’elle vivait au quotidien. C’était devenue sa vie, sa croix mais sa fille n’avait pas à suivre son chemin. Son cœur lui fut arraché de sa poitrine quand elle l’abandonna. En ne lui donnant qu’un prénom. Hope.
Le soir même, elle sortait de l’hôpital. Bien entendu, Derek ne remarqua aucun changement. Mais il était là. Subtil, infime. Une sorte de révolte commençait à germer en Alexy. Rien de bien significatif au début mais elle n’accourait plus comme avant pour satisfaire le moindre de ses désirs. Elle essayait de sortir plus. De s’affranchir de ses chaînes. Sebastian l’appela un mois après la naissance de sa fille. Il avait appris par l’un de ses amis résident comme lui, qu’elle avait été hospitalisée et lui demandait des comptes. Surprise et incapable de parler, elle éclata en sanglots avant de raccrocher précipitamment. Le soir, Derek revint et voulu la prendre dans ses bras. Pour la première fois, elle le repoussa. Ce qui eut pour effet de lui déplaire. Souverainement. Il se mit à l’insulter et à la rouer de coups. Elle réussit à s’enfuir pour s’enfermer dans sa chambre et appeler la police mais il revint et défonça la porte pour finir ce qu’il avait commencé. Alexy crut vraiment que sa dernière heure venait de sonner quand elle se retrouva libérée du poids de son mari. Tournant la tête, elle vit Sebastian en train de le frapper encore et encore. Elle voulut l’arrêter mais aucun son n’arrivait à sortir de sa bouche. Ce fut la police qui arriva quelques minutes plus tard qui les sépara. Ce fut lui qui resta avec elle à l’hôpital tout au long de son séjour. Lui qui la ramena à Boston dans la demeure familiale pour qu’elle puisse y faire sa convalescence.
Sachant qu’elle avait besoin de son endroit, il lui proposa d’emménager avec lui quand il prit un poste à l’hôpital de Boston. Comme toujours, il avait compris ce dont elle avait besoin…

La porte d’entrée claqua et Alexy sourit en rencontrant le sourire de son aîné. Son sauveur. C’était grâce à lui qu’elle était là aujourd’hui. Elle travaillait encore sur ses traumatismes avec sa thérapeute mais elle était en vie. Une vie qu’elle réapprenait tout doucement à vivre. Un pas après l’autre. Elle se reconstruisait petit à petit. Ses crises d’angoisses se faisait plus rares, le manque de sa fille se faisait toujours sentir. Un manque que rien ne comblera elle le savait. Mais elle se rassurait en se disant qu’elle avait fait le bon choix. Alors aujourd’hui, elle avançait Alexy. Doucement mais sûrement. Prenant les petits plaisirs de la vie comme ils venaient. Dans le sourire de ses parents, de faire de la pâtisserie, de s’autoriser à rêver de temps à autres et de penser au sourire de ce client qui venait chercher son café tous les matins au salon de thé dans lequel elle travaillait… 

en vrac : Elle adore cuisiner, c'est comme une thérapie pour elle | Lire lui permet de s'évader et lorsqu'elle déprime, là où la plupart des gens vont acheter des fringues ou des chaussures, elle elle achète des livres | Elle est très proche de sa famille, le dimanche c'est brunch dans la demeure familiale, tradition qu'elle n'a que trop manqué à cause de lui | Elle fait du piano et de la guitare tout comme son frère | Elle parle plusieurs langues dont le français, l'italien et le coréen | Elle adore regarder des films, elle regarde de tout sauf les films d'horreur | Elle a une peur bleue des araignées, c'est simple elle est complètement tétanisée et ne peut que hurler à la mort | Son rêve serait d'ouvrir son propre salon de thé mais une chose à la fois comme dit sa thérapeute | Un autre de ses rêves est de savoir si sa fille se porte bien, si elle a été adoptée par une bonne famille | Depuis Derek, elle a peur des hommes | Elle a un tatouage à l'intérieur du poignet représentant un malin pour lui rappeler qu'il faut toujours aller de l'avant malgré le passé